dimanche 4 janvier 2015

La culpabilité

La culpabilité est une relation entre le Moi et l'extérieur, un chantage au lien, un espace de contrôle, une instance critique. Elle pose des limites, remet en question les limites de l'individu vis à vis de la tribu (d'abord la famille puis la société). Elle empêche l'individualité qui est un élément destructeur vis à vis du groupe. Elle repose sur une peur de moins d'amour , c'est l'instinct de survie de l'enfant qui reçoit cette culpabilité de ses parents.

Tout rapport avec quelqu'un repose sur un lien, l'affect qui peut être sujet au chantage. Il y a toujours association de la culpabilité et de la peur, peur de perdre ce qu'on nous donne. Le nourrisson sait qu'il ne pèse pas lourd face à son entourage, d'où peur et naissance d'un chantage affectif qui engendre un sentiment de culpabilité.
Le Surmoi (externe), développé par la tribu, est l'espace critique du Moi (interne), il repose sur l'identification et souvent passe de la critique à la censure. Le Moi ressent une culpabilité face aux critiques du Surmoi.
L'enfant ne choisi pas son parent préféré, c'est le parent qui agit par identification. L'enfant s'identifie au parent dans sa totalité, du bon au mauvais, et doit résoudre la problématique des parents (parfois en sautant une génération) y compris dans le cas d'un enfant adopté.

En plus du Surmoi personnel, l'on est soumis à une morale inconsciente qu'est le Surmoi des parents. Le désir est la fonction qui nous sépare d'un objet considéré comme perdu plutôt qu'inaccessible !
Quand on passe du nourricier au géniteur, on passe de l'identification au choix et cela devient un problème quand on refuse ce passage. Le parent de sexe opposé provoque l'interdit dans le meilleur des cas.
La pulsion n'est pas sexuée quand elle est dirigée vers le parent de sexe opposé, elle le devient quand il s'agit d'identification avec le parent de même sexe qui est le rival (pour avoir papa, fait comme maman...).
Plutôt que de s'identifier au parent de sexe opposé, il s'identifie au phénomène de pulsion.
Plus on dit que l'obstacle est haut, plus il est haut , plus on fuit un objet, plus on le rend important ...

Voyage de la révolte: culpabilité de l'individu qui se détache de la tribu (peur des parents , chantage primal).
Dans la tribu, les pulsions participent à la construction du Moi, en dehors de la tribu, il y a émergence de l'individuation qui structure le Moi et délimite l'influence du Surmoi (on est confronté à notre propre culpabilité).

Pour se construire le Moi va au bord de ces limites.

Il faut se faire un ami du Surmoi qui est cause de problèmes quand on l'ignore par sentiment de culpabilité.
L'adhésion à une religion ou secte montre la recherche de tribu, de dogmes par défaut d'individuation car ils sont encore au stade de l'identification à la tribu (Référence au conte du "vilain petit canard" d'Andersen).

Avoir confiance en soi

 pour avoir confiance dans les autres


"Pourquoi est-ce si compliqué d'avoir confiance en moi, de me sentir toujours jugé par les autres ?"

Comment voyons-vous ce qui ont confiance en eux ?
de la jalousie, de l'envie mais aussi comme l'expression de la suffisance, de la prétention, de l'arrogance derrière une facade, peut-être fragile mais qui agace ?

Avoir confiance, ce n'est pas jouer un rôle, celui qui croit en lui, qui s'oblige à croire en lui et qui, finalement, s'illusionne ...

Avoir confiance en soi, c'est arrêter de se juger, de se comparer.

Il s'agit d'observer nos gestes, nos réussites et nos échecs. Là, nous pouvons utiliser ces informations pour avancer, sans stigmatisation, sans reproche et sans culpabilité.
Il s'agit d'accepter ce qui est, débarrassé des intentions qui ont pu être projetées.
Accepter ce qui est ne veut pas dire être en accord, cela veut dire que cela a eu lieu, c'est un fait qui ne peut être changé.
De cela, je peux en tirer des ressources en constatant ce qui n'a pas convenu et ce qui a été bien reçu.

Le jugement négatif comme le fait de se glorifier d'une réussite ne parlent que d'impressions, sans doute importantes mais non vitales.
Juger, c'est voir autre chose que ce qui est, c'est déformer la réalité derrière le masque de nos peurs, de nos doutes, de nos croyances mais aussi de nos espoirs, de nos envies, de nos idéaux.
Toute cette charge émotionnelle, cette pression nous revient comme un choc en retour quand le résultat n'est pas celui attendu ou comme une illusion sur notre image quand nous sommes satisfait, fier du résultat.
La crainte que cela arrive nous fait hésiter, nous fait douter, nous prive de la confiance nécessaire à la complète possession de nos moyens pour réussir. Je peux réussir, en être très heureux, très fier mais je cours le risque d'échouer et de me déconsidérer encore plus. Mais de qui je suis fier, qui je considère, moi ou mon image et ne suis-je que mon image ?
Si tout cela n'est qu'affaire de jugement et que je peux m'en débarrasser, alors je suis libre de faire ou de ne pas faire, en conscience, pour moi et non pour mon image. Je deviens responsable de mes actes, sans jugement.
Réussir, c'est croire que je peux réussir, échouer c'est un pas de plus vers la réussite.

Etre soi
Ne pas juger, c'est être dans l'instant présent, faire de mon mieux tel que, maintenant je le ressens, sans se projeter dans l'après, dans le jugement sur ce que j'aurais dû faire, ce que j'aurais dû être. Il est inutile de me demander comment je dois agir maintenant pour qu'après je me supporte, je me valorise, je me juge à la hauteur. Dans ce cas, je ne profite pas de maintenant, je suis déjà ailleurs, dans l'après ...

Je suis et je m'accepte tel que je suis ...

Quand j'ai pris l'habitude de ne plus me juger, je m'aperçois que je juge également moins les autres, que ce je jugeais en eux parlait finalement plus de moi que d'eux. J'apprends la bienveillance pour moi, pour l'autre...
Sur eux, je projetais mes doutes, mes peurs, mes idéaux, mes frustrations, mes interdits et bien sûr le risque induit par mon manque de confiance.
Maintenant que je peux les voir tel qu'ils sont, je peux accepter le fait que je ne dépend pas d'eux. Je vis parmi eux, avec eux mais sans chercher à combler un manque.
Je ne cherche plus à lire dans leurs yeux, entendre dans leurs mots, la négation de mes craintes et de mes doutes, je ne cherche plus à me rassurer sur ma capacité à agir, j'agis, tout simplement. Je peux être en harmonie avec moi-même, exprimer mes idées, mes envies, mes convictions sans les imposer mais en les laissant libres d'évoluer.

Je n'ai plus besoin de chercher une image flatteuse de moi au travers des autres.


Je suis et je m'accepte tel que je suis ...


Attachement et liberté, du besoin aux désirs

L'expérience est indispensable en relation humaine, elle mène à la maturité, à la connaissance de soi. Dans un rapport humain, on agit en fonction de son schéma parental et des comportements adaptatifs intégrés dans notre éducation comme étant la réalité.


Le schéma de sécurité primale, qui se référe à la petite enfance, montre une peur de l'abandon, de l'insécurité. On cherche à élucider un problème que l'on ne peut résourdre, un besoin instinctif de survivre sans conscience de ce besoin... On demande à l'autre une sécurité pour évacuer cette peur ancestrale. Cela implique un sentiment de dépendance vis à vis de la Mère nourricière pour répondre au besoin viscéral de survie.

Dans une relation d'adultes, le schéma "satisfaction de nos désirs" implique un besoin de l'autre mais pas une dépendance et amène un schéma parent-enfant par alternance mais avec toujours un dominant (le parent est un enfant caché qui demande beaucoup).
Le schéma de besoin est différent du schéma de désir car la fonction de besoin est inhérente au fonctionnement de la personne et s'arrête quand le besoin est comblé. Une mère qui couve trop son enfant va créer des besoins mais pas des désirs et donc des dépendances. On peut vivre si nos désirs ne sont pas satisfaits, on les cultive mais on ne peut pas vivre si nos besoins ne sont pas satisfaits, il y a une réelle domination de celui qui est soumis à ses besoins.
Trop de satisfactions des besoins annihilent l'émergence du désir, celui-ci vient du manque et amène la création, l'énergie, l'envie. La mère représente l'affectif tandis que le père représente la reconnaissance.

L'Adulte a des désirs, l'Enfant a des besoins au sein de sa tribu mais va assouvir ses désirs en dehors par instinct de sauvegarde qui l'empêche de désirer celui qui répond à ses besoins. Le désir disparaît lorsqu'il est assouvit mais réapparait rapidement, c'est un cycle qui s'anime en permanence. L'enfant doit passer du stade des besoins à celui des désirs sinon cela laisse supposer un schéma de castration qui provoquera des troubles chez l'adulte en devenir.
Le désir est une élaboration du parent qui fait l'apprentissage de l'enfant par frustration et interdit (éducation).
Le besoin ne fait pas émerger de pulsion, le désir, oui...

L'adolescent se positionne face au schéma parental par besoin de s'affirmer, besoin d'indépendance, prise de conscience de ce que l'on est par différenciation. La période adolescente est l'occasion de s'affirmer et donc, permet la création du désir, la recherche du Moi, l'identification à l'extérieur par refus de l'identification intérieure (la famille), cela mène à la recherche d'idéal, d'absolu. Par instinct grégaire, il va chercher une autre tribu que sa famille avant que, plus tard, il ne fonde sa propre tribu.
Le désir + l'idéal = sentiment à l'autre même s'il n'y a pas de retour car on s'identifie au sentiment que l'on a et pas à l'autre, l'important étant ce qui est ressenti. La survie n'est plus un problème, l'essentiel est son identification au travers de son sentiment, c'est l'identification narcissique.

La révolte adolescente est indispensable à la structuration, aux prémisses du Moi, il faut "tuer" les parents, c'est indispensable pour ne pas rester dépendant. Un adolescent qui saute cette étape ne pourra pas effectuer l'individuation et devra un jour franchir cette étape s'il veut entreprendre la structuration de son Moi.

Plus tard, la personne prend conscience de ses désirs et va partager ce qu'elle connaît. L'enfant comme l'adolescent qui commence son identification ne connaît pas ses désirs. Le début du choix implique la liberté, la délibération avec soi-même, choix + responsabilité = individuation.

But: être différent pour être libre mais par forcément faire le contraire; être créatif, inventif, quelque chose en plus de l'original sans trop s'en éloigner pour ne pas perdre ses références intérieures.
Etre dans une histoire choisie en toute responsabilité, quand on connaît sa problématique, on sait évoluer.


Le désir fleurit mais la possession flétrit toutes choses (Proust)



Faut-il donc oublier qui l'on est pour devenir quelqu'un ?

Fais ce que je dis pas ce que je fais

Avant de devenir lui-même, un enfant est le prolongement de ses parents. Il s'imbibe de leurs attentes et de leurs craintes, de leurs défauts et de leurs projections.


Il se nourrit de tout cela pour devenir, mais si cet édifice parental n'est pas stable, pas structuré comment l'enfant pourrait-il se forger une identité stable et structurée ?
Les problèmes de l'enfant étant souvent les conséquences de son environnement, ne chercher à les résoudre qu'en se polarisant sur eux, c'est oublier les causes. C'est considérer que l'enfant est seul "responsable".
Il est souvent difficile de voir la réalité de la situation telle qu'elle est. Cette vision de la réalité, aussi déstabilisante qu'elle soit, ne doit pas être considérée comme un jugement négatif, un échec mais simplement comme une situation, comme une information à prendre en considération pour que les choses puissent évoluer pour le bien de tous.
Il ne s'agit pas de stigmatiser tel ou tel mais juste de prendre conscience de ce qui se passe et que chacun puisse prendre sa place. Il s'agit que l'enfant puisse s'épanouir dans un climat apaisé et de confiance réciproque. Comme ses parents, l'enfant a besoin de se sentir soutenu et non jugé, il a besoin d'être considéré et non dévalorisé, il a besoin d'exister aux yeux de ses parents comme ses parents existent au travers son regard.

Il n'y a pas de cas difficile, il n'y a que des situations difficiles, des situations à pacifier.

Mêmes les parents les plus compréhensifs et les plus attentionnés peuvent envoyer des messages contradictoires à leurs enfants.
D'un côté, ils leur disent toute la bienveillance qui est la leur, il l'autorise à se tromper, à faire ses propres expériences, à tirer profit de ses erreurs. Par contre, au quotidien, ils s'interdisent à eux-mêmes toutes ces tolérances qu'ils voudraient autoriser à leur enfant ; Ils veulent et parfois, ils pensent devoir être parfaits, forts, indépendants, brillants, infaillibles. Que de pression !... mais où prend-elle sa source, quelle en est la motivation ?
L'enfant qui grandit par mimétisme, entend les autorisations verbales mais ressent les interdictions non verbales.
Il prend conscience de tous ces interdits que se fixent ses parents.
Cette prise de conscience s'impose au mental de l'enfant qui essaie en vain, d'enregistrer les messages permissifs délivrés par ses parents.

"Fais ce que je dis pas ce que je fais", mais "l'enfant devient ce qu'il ressent, pas ce qu'il entend"

L'éducation, ce n'est pas apprendre, c'est développer les capacités d'apprendre, de réflechir, de ressentir. L'éducation offre la liberté de choisir ce qui nous convient et nul ne peut savoir ce que l'enfant fera plus tard, des situations qu'il vit aujourd'hui.
Cela veut dire qu'il n'y a pas une seule réponse valable, une seule bonne manière d'élever un enfant, cela veut dire que l'enfant fera sien, les ressources qu'il tirera de chaque expérience vécue.
Culpabiliser sur son incapacité à bien élever son enfant, c'est se projeter dans un avenir qui n'existe pas, c'est oublier que l'enfant se construit de tout ce qu'il vit, en intégrant ou en rejetant ses émotions, en se forgeant des réponses les mieux adaptées aux situations vécues.
Culpabiliser, c'est juger ses propres contradictions.

L'éducation est l'oeuvre de toute une vie et ne s'arrête pas à la sortie de l'école. "Apprends moi et tu sauras" peux dire l'enfant à ses parents qui, jour après jour, perçoivent des parcelles sans cesse renouveler de leurs croyances, de leurs aprioris.

Un jour, grâce à leurs enfants, les parents s'aperçoivent qu'eux-mêmes, ils sont devenus grands ...


Les autres changent en même temps que notre regard sur eux ...


Le mythe de Dom Juan

Comme beaucoup de mythe, Dom Juan est inspiré de faits réels publiés dans les chroniques de Séville au 17° siècle. Dom Juan Ténorio avait tué le commandeur et séduit sa fille.
Plusieurs artistes s'en sont inspiré (De Tenorio, Molière, Mozart, Byron, Mérimé, Montherlant,...). Si ce mythe a inspiré tant d'artistes, c'est qu'eux même étaient concernés et se sont identifiés au personnage
Dom Juan séduit la fille du commandeur puis la laisse tomber, il ne consomme pas.
Il n'est jamais rassuré, il cherche la sécurité, il cherche sa mère pour survivre car il n'a pas reçu l'écho qu'il attendait de l'amour parental. Il a peur d'être seul, de ne pas avoir ce regard, celui de la mère d'où comportement hystérique.
Le cynisme de Dom Juan, cette indifférence est une projection de celui de sa mère à son égard et donc il punit la femme séduite, sa mère, en la quittant, il détruit la sorcière.
La mère Fée le nourrit, le protège tandis que la mère Sorcière le punit, le prive et provoque chez l'enfant le besoin de la détruire, ce qu'il fait dans ses rêves provoquant par la même, son premier sentiment de culpabilité car en punissant la sorcière qui lui a fait du mal, il punit la Fée qui le nourrit.
Dom Juan séduit une femme (la Fée) puis l'abandonne, la rejette (la Sorcière)
Le gouverneur représente l'autorité, la règle, c'est le Surmoi personnifié, et donc le seul rival de Dom Juan, c'est Dieu le père. Le père est à la base de notre identité sexuelle. L'absence du père de Dom Juan a perturbé son Oedipe, ses pulsions vers la mère car en absence de rival, il est contraint de lutter contre l'absolu, l'idéal, Dieu.
Dom Juan est un idéaliste, il aide ses congénères, il n'a pas de rivalité avec ses égaux mais avec l'autorité seulement
Dans l'absolu, Dom Juan est un anarchiste, un révolutionnaire car il lutte contre l'autorité jusqu'à la mort, il cherche la confrontation à la règle.

Les Dom Juan sont essentiellement masculins car l'Oedipe est une pulsion que l'homme a eu envers une personne avec qui il était en état de fusion, d'où une image confusionnelle entre pulsion et émotion. La femme ne subit pas cette pulsion là, elle va dans l'élément pulsionnel vers le père et peut se révolter contre la règle si cette pulsion n'est pas assouvie d'où élément de rivalité.

Le travail de Dom Juan est un travail de deuil sur la mère et il doit reconnaître que la Fée et la Sorcière ne sont qu'une seule et même personne, sa mère.

Le comportement hystérique de la femme est plus confusionnel, plus ciblé. La séduction est tournée vers la mère, la pulsion vers le père et donc la femme va chercher à séduire tout ce qui bouge si elle a subi une carence affective à la mère et par rapport à l'élément pulsionnel au père.

La nymphomanie (liée à un Oedipe détourné) survient quand le père laisse venir la pulsion de sa fille puis provoque l'interdit, souvent lorsque la rivale (la mère) est absente d'où obsession de la fille qui va multiplier les expériences et va consommer pour compenser, on voit le message d'insatisfaction vis à vis du père.

Dans le film L'homme qui aimait les femmes, la mère montrait une image féminine et inaccessible à son fils qui à partir de là, allait trop aimer les femmes puisqu'il ne pouvait aimer La mère, cette image idéalisée que Truffaut transposait.
Il existe des pathologies préalables au Dom Juanisme, ce sont les puers, ces adolescents éternels au comportement primaire, enfantin qui vont toujours voir ailleurs si l'herbe est plus verte.

Le comportement hystérique est un comportement qui met en danger l'homme et son environnement et au 19° siècle était attribué aux seules femmes. A l'époque l'homme travaillait à l'extérieur, il était disponible pour assouvir ses pulsions tandis que la femme restait à la maison, ne pouvait pas assouvir ses pulsions et pouvait souffrir de neurasthénie pouvant dégénérer en hystéries !
L'homme peut souffrir d'hystérie par refoulement pulsionnel et dans le cas de Dom Juan, il centre, il focalise son comportement autour de ce problème primal. Son cynisme est un refoulement de ses émotions car ça lui a permis, étant enfant, de s'en sortir face à l'absence d'amour maternel.

Pour surmonter son problème, un Dom Juan doit faire ressortir l'image de la mère pour qu'il en fasse son deuil et doit comprendre que la règle peut être un allié et non une rivale.
Ne jamais dire à un enfant, fait pas ça parce que c'est comme ça mais lui expliquer pourquoi afin d'en faire une qualité et non un défaut.
Il faut dépasser le ressentiment vis à vis des parents, avoir de la compassion, vider notre énergie, et ne pas leur faire de procès car plus on les combat en nous, plus on les renforce. Il ne faut pas confondre compassion et culpabilité, le pardon est une force.

S'il y a colère, il faut l'exprimer mais il ne faut pas y rester, il faut vite en sortir car cela ne sert à rien.

Il faut distinguer nos parents intérieurs correspondant à l'image perçue de nos parents réels car on peut modifier ces parents intérieurs pour les adapter à la réalité que l'on avait habillée de nos peurs et rancoeurs.

Nos images intérieures sont vues par nos yeux d'enfants


Jugement et comparaison

Se positionner vis à vis de l’autre est parfois chose compliquée du fait de nos perturbations respectives. L’image que nous avons de nous dépend des messages qui nous ont été martelés pour faire de nous, celui que nos parents souhaitaient, consciemment ou non. Pour ce faire, nous avons dû enfouir certains traits de caractères, nous avons subi des interdictions et intégrer des obligations qui nous contraignent aujourd’hui dans ce rôle choisi pour nous.

Nous nous sommes adaptés à la situation familiale et sociétale dans laquelle nous avons grandi, nous nous sommes conformés aux modèles compatibles pour être reconnu, accepté, désiré et aimé.

Ces éléments qui nous constituent vivent en nous. Qu’ils soient positifs ou négatifs, autorisés, interdits ou enfouis ils constituent des indicateurs primordiaux dans notre échelle de valeurs, celle-là même que nous utilisons pour estimer l’autre. L’autre n’existe pas pour ce qu’il est mais ce qu’il représente selon nos propres critères. Nous avons notre check-list et nous vérifions inconsciemment, critère par critère, comment il se situe, pour au final, faire la moyenne et le juger apte ou non.

Nous n’avons pas conscience de ce mécanisme et pourtant il se met en œuvre dans toutes nos relations. Nous le voyons dans les jugements que nous portons sur les autres, ceux qui s’autorisent ce que nous nous interdisons.

Il nous parait normal d’agir en tenant compte des autres, il s’agit d’une règle de vie en société, un principe que nous avons intégré mais dans l'exemple d’un sans-gêne, qu’est-ce qui nous perturbe le plus, son attitude ou le refoulement de notre liberté d’être sans-gêne ?

Si je vois l’autre transgresser cette règle, ce principe,
quelles sont les possibilités qui s’offrent à moi ?

  • La colère m’envahit et je l’insulte
  • La colère m’envahit et je fais comme lui pour lui montrer
  • La colère m’envahit mais je sais garder mon contrôle
  • La colère m’envahit, je dois aller ailleurs sinon j’explose
  • Je suis agacé et je lui dis que ça ne se fait pas
  • Je suis agacé, je respire et passe à autre chose
  • J’observe et je lui fais remarquer ce qu’il fait
  • J’observe et je lui indique la nuisance occasionnée
  • J’observe et lui explique comment faire autrement
  • J’observe sans réaction
  • Je vois

Voici quelques réponses non exhaustives auxquelles vous pourriez ajouter les vôtres. Au travers de celles-ci, nous constatons que l’autre existe et que notre réaction vient de nous, pas de l’autre. Si cinq personnes dans la même situation, réagissent différemment, cela signifie que la réaction que nous avons dépend de nous. Nous dépensons alors beaucoup d’énergie à combattre cette réaction ou affronter l’autre dans son sans-gêne affiché.

Quand nous utilisons des comparaisons comme, « moi, je ne fais jamais comme ça ! » ou bien « avant, c’était bien différent », nous utilisons des formules préprogrammées qui nous positionnent dans notre histoire, dans nos croyances. Par la place que nous concédons à l’autre, nous nous référons à notre histoire, nos valeurs.

Plus nous avons enfoui en nous un trait de caractère, plus la colère sera importante de voir l’autre user de ce trait de caractère refoulé. Avoir conscience de nos refoulements nous permet de leur retirer leurs capacités énergivores. Nous pouvons les voir émerger quand la situation se présente, nous pouvons les observer et choisir d’agir avec une présence plus convaincante vis-à-vis de l’autre.

L’autre devient lui, débarrassé de nos projections

Déclaration

On ne dit jamais assez aux gens qu'on aimequ'on les aime


Comme l'évoque cette chanson de Louis Chédid, où se situe la difficulté de dire "je t'aime"

En quoi ces trois petits mots peuvent-ils provoquer tant de blocages, le chanteur parle de pudeur, mais que recouvre ce mot?
Cela rime avec peur, la peur de gêner l'autre comme le suggère L.Chédid mais que trouvons-nous derrière cette peur ? 


Nos gestes, nos paroles parlent avant tout de nous, il s'agit donc de ramener cette difficulté d'exprimer ses sentiments à ce que cela nous indique sur notre perception du "je t'aime". 

Exprimer ses sentiments, c'est se dévoiler pour partager, pour donner et pour recevoir. Il s'agit d'établir une relation émotionnelle avec l'autre allant de l'amitié à l'amour passionné en passant par l'affection familliale. Les trois destinataires de cet échange sont l'autre, soi et la relation. 

Pour l'autre, recevoir ce cadeau d'amour déclaré, c'est se positionner vis à vis de celui-ci. Cela revient à placer son curseur, sa focale sur le niveau qu'il juge compatible avec sa situation, ses propres critères, ses propres ressentis et ses désirs. Tout cela, celui qui se déclare ne peut en avoir conscience, c'est un autre monde, c'est le monde de l'autre, son univers qui nous est étranger. Nous sommes face à l'inconnu, face aux peurs de ne pas pouvoir y faire face, de décevoir, ne pas être à la hauteur. 

Tout cela impressionne, aussi bien celui qui se déclare que celui qui reçoit, et donc, limite l'expression spontanée de nos sentiments. 

Pour soi, donner ce cadeau, cela signifie que l'autre est considéré comme en mesure de le recevoir, d'accepter ce message. 

Cela sous-entend qu'il devrait être réceptif et nous retourner ce que nous attendons. Mais l'autre peut-il connaître les désirs profonds de celui qui se déclare, peut-il s'intégrer dans cette histoire qui l'invite et le met également face à sa propre histoire, face à ses propres capacités à répondre à cette sollicitation qui le flatte et qui l'effraie. Ne risque-t'il pas de confondre "être par l'autre" et "être pour l'autre" ? 

La relation, qu'elle qu'en soit la forme, c'est la suite attendue ou refusée de cette déclaration. Cela signifie un engagement, une réciprocité entre deux personnes, chacune revêtue des doutes et des peurs qui les inhibent ou des désirs et des espoirs qui les transcendent. Cette rencontre de deux histoires, de deux vies, c'est la rencontre de blessures qui s'opposent ou qui se complètent. C'est trouver des réponses à des problèmes qui habitent chacune des histoires, c'est donner pour recevoir, c'est recevoir pour donner, c'est échanger et trouver un équilibre entre soi et l'autre. 

Quand la réponse à une déclaration est "jugée" insuffisante, cela peut réveiller une blessure d'enfance, ne pas être accepté, ne pas être à sa place, ne pas être à la hauteur des espérances de l'autre et donc se sentir dévalorisé, rejeté. 

Accepter sur l'impression que l'on donne et qui parle de notre image, de notre égo, pas de nous, c'est accepter par le sentiment d'être flatté, c'est fuir le réel pour un monde imaginaire, bercé d'illusion. 

Accepter sur la base de notre propre ressenti sur l'autre, c'est avoir confiance en soi, accepter son imperfection comme celle de l'autre afin de construire une relation d'accueil de ce qui est, la plus épanouie possible. 

Ces trois petits mots sont donc chargés d'histoires qui les rendent lourds de sens, difficiles à prononcer car ils engagent notre image, notre confiance en nous. Certains, très à l'aise avec leurs images, prononcerons ces trois petits mots avec aisance car ils vont flatter leurs propres images. La confiance qui est la leur ne dépend pas de l'autre, elle est en eux. Ils ne doutent pas de l'impression qu'ils font sur l'autre, celle-ci ne semble pas pouvoir entacher leurs propres certitudes. 

Quand notre image a perdu de son importance au profit de ce que nous sommes vraiment, nous retrouvons la liberté d'exprimer nos sentiments sans attendre de retour particulier. S'autoriser à dire "je t'aime", c'est faire connaître à l'autre l'importance que nous lui donnons, c'est lui permettre de recevoir la satisfaction qui peut être la notre quand nous recevons ces trois petits mots. 

Reste la gradation que nous mettons dans ces trois petits mots et qui peuvent mener à des ambiguïtés que nous levons par l'ajout de qualificatifs. "Je t'aime un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout" ... souvenir d'enfance pudique quand nous expérimentions face à une marguerite, cette échelle de la relation à l'autre, à nous... 

Aujourd'hui notre palette s'est étendue, les nuances sont multiples, mais le besoin est le même, donner et recevoir de l'amour, être en lien avec l'autre, en relation. 

Quand pouvoir dire "je t'aime" est devenu naturel, que nous pouvons nous autoriser à le dire et à l'entendre pour ce qu'il est, sans rien attendre, nous pouvons apprécier la sensation qui nous pénètre et nous charger de l'émotion qui nous envahit. 

Et quand parfois, les deux focales sont au diapason, une nouvelle histoire se met alors à vibrer d'une douce chaleur... quoi de plus beau ? 


Peut-on dire "je t'aime" sans commencer à s'aimer soi-même ?